Philippe Cognée: Portraits - exposition personnelle
Dans le cadre du programme Exporama 2025, la galerie Oniris a le plaisir de présenter une exposition dédiée à l’un des axes majeurs de l’œuvre de Philippe Cognée : le portrait et l’autoportrait. Loin des codes classiques du genre, ce travail interroge la condition humaine dans sa fragilité, sa chair et sa disparition.
Depuis les années 1990, Cognée développe un travail singulier autour de l’image, en particulier de l’image photographique. Il en prélève les mécanismes — cadrage, mise au point, flou, instantanéité — pour les réinterpréter dans un processus pictural expérimental, fondé sur une technique d’encaustique chauffée. Cette matière chaude, mouvante, instable, ouvre la voie à une peinture qui n’imite pas la photographie, mais en pousse les effets jusqu’au trouble.
« La peinture n’est qu’une illusion, c’est ça qui m’intéresse. […] J’ai besoin de vérifier le réel, de le ramener et puis de le vérifier en le peignant, en le maltraitant pour en faire quelque chose d’autre. Une deuxième réalité. » P.C.
La figure humaine, chez Cognée, est donc matière à métamorphose. Il ne cherche ni la ressemblance ni la narration, mais ce qu’il nomme “l’image résiduelle” — cette trace fragile, en bordure de disparition, où quelque chose d’essentiel subsiste.
« Le portrait, c’est la possibilité d’aller le plus loin possible pour garder l’image résiduelle quelque part. »
Qu’il s’agisse de portraits anonymes, de proches, ou de figures historiques issues de l’histoire de l’art, Cognée applique le même protocole : il prélève une image du réel, la déstructure, la liquéfie, jusqu’à la faire vaciller dans une zone d’incertitude visuelle. Le spectateur, dès lors, n’est plus face à une figure mais face à une empreinte — un visage comme souvenir visuel ou perception furtive.
L’autoportrait occupe une place centrale dans cette réflexion. Cognée ne s’y livre pas à une introspection psychologique, mais à une confrontation physique avec le support, la matière, et le regard. Se peindre lui-même est un acte de radicalité :
« Je déformais tellement les gens qu’ils n’étaient pas très contents. Finalement, je me suis peint moi, je ne pouvais pas râler. »
Chez Philippe Cognée, se représenter, c’est interroger la présence, l’incarnation, parfois jusqu’à une animalité assumée. Le corps devient forme indistincte, masse de cire chauffée, matière en tension, traversée d’accidents picturaux : coulures, arrachements, cicatrices visuelles. La peinture est ici une opération de perte volontaire — un processus qui fragilise l’image pour en intensifier la puissance affective.
« L’imprécision, c’est une chose qui m’intéresse particulièrement. Le fait de gommer les signes permet à l’imaginaire de rentrer plus facilement dans le tableau. »
En se situant entre figuration et abstraction, entre mémoire et effacement, ces portraits imposent une nouvelle lecture du genre : ils n’affirment pas une identité, mais posent la question, radicale, de sa persistance.
Cette exposition offre l’opportunité de découvrir ou de redécouvrir la richesse formelle et conceptuelle de cette partie de l’œuvre de Philippe Cognée. En plaçant la figure humaine au cœur d’une peinture du trouble, il nous confronte à ce que l’art peut encore dire de l’image, du corps, et du regard.
"Portraits", une Exposition personnelle de Philippe Cognée à découvrir à la galerie Oniris du 14 juin au 13 septembre 2025
Vernissage et rencontre avec l'artiste samedi 14 juin 2025 de 16h à 19h